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veuves de guerre, guerre de troie, trois p'tits chats

Comment l'hyperconnectivité et les changements sociaux qu'elle provoque peuvent-ils influencer la forme et l'appropriation de l'espace public d’un Québec 2020?

« Nous sommes dans une société où l’information occupe une place de plus en plus importante dans les activités économiques et sociales; or les nouvelles technologies permettent de transporter aisément l’information, loin et vite; dans une certaine mesure elles gomment les distances, elles se jouent de l’espace » (Ascher 1995 : p. 45).

Anthony Bouchard, Alexandre Boulianne, Jean-Francois Laroche & Éric Lizotte

TIC nerveux transforme les espaces publics de la ville diffuse de Québec, tant à l’échelle de l’agglomération qu’aux échelles locales, par l’intégration des technologies de l’information et de communication (TIC) pour connecter la ville fragmentée. Ces outils sont le moteur à de nouvelles situations urbaines qui augmentent la qualité des nodalités existantes en améliorant leur robustesse, leur lisibilité et leurs connexions tant spatiales que virtuelles.

[Mixité]
Les nodalités encouragent les différents groupes de population à interagir entre eux, à échanger, et à se connecter à l’intérieur d’un même réseau. Ces lieux de connectivité exacerbée répondent aux nouvelles réalités sociales auxquelles la ville contemporaine s’est jusqu’ici peu adaptée. Ils permettent aux usagers d’optimiser et de planifier efficacement leurs temps de déplacement, de travail et de socialisation. Conçus comme un lieu de rencontre, de partage et de connexion, ces nœuds sont aussi l’endroit idéal pour loger les ménages contemporains à la recherche de proximité et de mixité dans la ville diffuse dont ils continuent tout de même de profiter. Les personnes âgées jadis isolées ont maintenant accès à l’ensemble des commodités et soins à domicile grâce aux centralités, en plus de partager leur quotidien avec une mixité d’habitants ; familles, étudiants, travailleurs, personnes âgées cohabitent harmonieusement.

[Consommation & Mobilité] 
La consommation de biens est essentiellement virtuelle et axée sur le principe « acheté maintenant et livré plus tard ». Les consommateurs n’ont plus besoin d’utiliser leur voiture pour transporter leurs paquets ; les paquets viennent à eux. De ce fait, l’échelle des espaces de vente « traditionnels » se rétrécit au profit d’espaces d’achats virtuels implantés différemment dans la ville; du « power center » étalé au comptoir de cueillette stratégiquement localisé. L’espace est ainsi restructuré dans ses proportions; le commerce de vente au détail s’accentue par son réseau virtuel tout en diminuant son empreinte physique. Les commerces réduits permettent le développement de nouveaux espaces au diapason des nouvelles réalités sociales en plus d’une densification des nœuds ; des espaces de travail collectif comme lieu de rassemblement physique, des « tiers-lieu » hyperconnectés. Le rythme de la « place publique nord-américaine » est donc modifié, plus lent, moins axé sur la consommation, et davantage sur l’échange. Cette nouvelle lenteur reste contredite à la nervosité des cadences de mobilité et de l’urbanité branchée. L’intensité du piéton et du cycliste se rapproche des pratiques de centralisation héritée où le cœur institutionnel (église, école) rayonne des distances de « marchabilité ».
La connectivité virtuelle au bout des doigts, devenue le sous-texte de plusieurs activités quotidiennes, permet aussi d’améliorer l’intermodalité physique – tramway, autobus, vélo, piéton ;  « Il s’agit de penser des nœuds de connexions comme des lieux où toutes les formes de mobilité se croisent et s’articulent à plusieurs échelles » (Kaplan 2008 : page 42).

[Travail]
Les TIC influencent le rythme de vie des professionnels. « La diminution de l’importance du domicile et du lieu de travail comme lieu d’utilisation des TIC se présente actuellement comme moyen de mettre en valeur les lieux collectifs dans l’espace public physique. La programmation passe d’usages multiples à des fonctions multiples. » (Nicolaou, 2006) Les travailleurs peuvent donc s’installer dans les divers « tiers-lieux » offerts par les places d’hyperconnectivitées et profiter des rencontres informelles et professionnelles résultantes. Ces nouveaux espaces interstitiels de la ville connective répondent aux besoins d’un travailleur nomade et conditionnent l’environnement urbain. Sans disparaître, « le besoin de se rencontrer face à face à l'intérieur d'un horaire fixe diminue, laissant le travailleur libre de choisir ses heures et lieux de travail » (Amin & Thrift 2002). Grâce à ces « tiers-lieux », le professionnel n’est plus tenu de se rendre au bureau chaque jour de la semaine ; une économie de temps de déplacement et d’argent tout en créant une approche professionnelle multidisciplinaire.

[Ubiquité]
La tour n’est pas seulement une tour, c’est l’information ; l’information n’est pas seulement information, c’est une tour. Le « phare de connectivité » agit comme repère visuel dans une agglomération aplatie par la dispersion. Dans les quartiers, des bornes interactives permettent la connexion entre l’échelle locale et les pôles d’intensités. L’affichage numérique permet aux utilisateurs de connaître instantanément leurs options de déplacement en temps réel en relation avec les autres nœuds de l’agglomération, facilitant ainsi les déplacements efficaces. L’environnement virtuel permet l’interaction des usagers via la communication de leurs intérêts et émotions sur le phare. Des images en temps réel des autres places créent une perpétuelle ubiquité ; être à deux endroits en même temps, une double expérience in situ. Ces images ne sont pas fausses, c’est une réalité qui se transforme. Soir de concert, les places s’échangent leur sonorité, leur ambiance lumineuse ; ils s’accaparent l’un l’autre de leur paysage urbain.

[Maquette]

La maquette présente un lieu de connectivité générique à même le réseau physique métropolitain. La connexion virtuelle est conceptualisée par la lumière jaillissant des « phares de connectivité ». Le parti de montrer seulement les bâtiments renforce l’idée de la diffusion dans le rapport plein/vide, agrégation/friche. Cette ville diffuse s’étale sur les parois du socle et illustre l’impact de TIC nerveux sur l’ensemble de l’agglomération. Le bâti existant en bois montre les bâtiments ségrégés, les nouveaux bâtis sont orientés de façon telle qu’ils n’obstruent pas les façades de la tour où se trouve l’information du « cyberterritoire » ; l’orientation favorise un accès universel à l’information.

Jusqu’à maintenant, la morphologie de la ville a été peu influencée par les nouvelles conditions numériques; l’accessibilité auto est l’actuel paramètre de localisation des centralités, notamment des powers centers. « L’addition d’une dimension virtuelle à l’espace physique peut constituer un levier pour multiplier et diversifier les interactions humaines et représenter un facteur de progrès pour inventer de nouvelles relations sociales et de nouvelles formes d’urbanité » (Wachter 2011). TIC Nerveux assume la ville diffuse en se ficelant à la trame des centralités existantes; ces nouveaux espaces de connectivité s’articulent autour d’une mixité de fonctions, d’usagers et d’expériences in situ.

À long terme, la ville diffuse assumée, renforcée par le virtuel et ses influences sur la forme de la ville, regroupe les habitants de Québec qui délaissent la périphérie éloignée en même temps que le transport individuel par voiture pour s’accrocher à des centralités mieux intégrées. Les nouvelles situations urbaines accélèrent la médiation entre densité, mixité et transport actif. On imagine un certain retour des principes villageois où tous les besoins sont comblés par la mixité et la densité des fonctions ; les friches urbaines réinvesties par l’agriculture et des parcs, les centralités hyperconnectées dans un « cyberterritoire ».

AMIN, Ash et Nigel THRIFT (2002)  Cities: Reimagining the Urban, NY : John Wiley & Sons, 192 p.


ASCHER, François (1995)  Métapolis, ou L’avenir des villes, Paris : Éditions Odile Jacob, 345 p.


ASCHER, François (1995) « Le mouvement au cœur de la modernité », dans Bouge l’architecture, ville et mobilité, Barcelone :Actar,  pp. 14-19


DOYLE, Michael (2010) Travailler et se divertir avec les technologies mobiles : Les lieux publics et semi-publics et les utilisateurs wifi à Québec. Mémoire de recherche, École d’architecture de l’Université Laval, Québec [en ligne] [http://www.vrm.ca/documents/Releve7_Doyle.pdf ] [20 septembre 2012]

HANIN, Yves (2004) « La mobilité, du processus d’urbanisation à la métropolisation », dans Les territoires de la mobilités, l’ère du temps, Lausanne : Les presses polytechniques et universitaires romandes.

FUSERO, P. (2008) ‘’E. planning : Urbanistica e reti digitali’’, dans Abitare virtuale, Rome : Edizioni Kappa, pp. 108-127

KAPLAN, Daniel et Bruno MARZLOFF (2008) « Articuler les déplacements avec les espaces, les temps et les services », dans Pour une mobilité plus libre et plus durable,  Limoges : Éditions fyp, Limoges 50 p.

MITCHELL, W. J. (2000) « L’avènement des cyberquartiers ? », La Recherche, n° 337, p. 14.

NICOLAOU, L (2006) Emerging Building Forms and Accomodation Solutions: ‘’ New Building Typologies or Distinctive Place-Making ‘’  In J. Worthington (Ed.), Reinventing the workplace, Burlington: Architectural Press, pp. 205-219.

WACHTER, Serge (2012) « La ville numérique, quel enjeux pour demain? »,  Métro Politiques, [en ligne] [http://www.metropolitiques.eu/La-ville-numerique-quels-enjeux.html] [20 septembre 2012]

WELLMAN, Barry (2002) ‘’ Little boxes, glocalization, and networked individualism’’, dans  Digital cities II: Computational and sociological approaches, New York : Springer, 405 p.

QUAN-HAASE, Anabel & WELLMAN Barry (2003) Networks of Distance and Media: A Case Study of a High Tech Firm « Trust and Communities Conference », Bielefeld, Germany, July.

CHUNG Chuihua, Judy, INABA, Jefffrey, KOOLHAAS, Rem & TSUNG LEONG, Sze (2001) Harvard design school guide to shopping. Harvard Taschen, 800 p.

OLDENBERG, Ray (1999),  The Great Good Place : cafés, coffee, shops, bookstores, bars, hair salons and other hangouts at the heart of the community New York Da Capo Press, 368 p.

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